Les dessous (Le costume féminin XVe)

« …jasoit qu’elle attendist la bataille (…) si ne s’arma elle que de sa chemise ; et en ce point s’en vint a l’huys »

C.N.N., 194 (c.1456-1467)

Ce petit guide présente, de manière simplifiée, les différentes pièces du costume féminin au XVe siècle. Il est essentiellement basé sur l’étude iconographique.

L’incontournable chemise

La chemise est le sous-vêtement principal. Dans l’iconographie, une femme se déshabillant est toujours montrée portant une chemise. Celle-ci est généralement à peine visible sous la robe.

On la distingue quelques fois au niveau du col, des manches (la robe pouvant avoir des manches courtes, la chemise dépasse et couvre les bras) ou au bas de la robe lorsque celle-ci est relevée.

La chemise descend à mi-mollet, son encolure est arrondie et s’arrête au-dessus de la poitrine. Elle ne possède ni bouton, ni laçage et doit donc être assez ample pour être passée par la tête, sans pour autant ressembler à un sac. Les manches vont, dans la plupart des cas, jusqu’aux poignets. Elles ne sont ni serrées ni amples ; la coupe est droite. Cependant, il existe des exemples de représentation de chemises sans manches ou de chemise plissée.

L’étoffe est de couleur blanche, non-teinte, en lin ou en chanvre. Elle est le plus souvent représenté opaque (donc certainement lié à une certaine épaisseur de tissu). Toutefois certaines illustrations montrent des chemises très fines, presque transparentes. Ces dernières sont le plus souvent liées à des scènes de prostitution ou à des scènes d’intimité. Certaines illustrations de prostitution ou de scènes de luxure montrent des femmes ayant les seins visibles, comme passés au-dessus de la chemise.

« A mon devis Avoit le sein blanc, dur et haut assis, Poingnant, rondet, et si estoit petis, Selonc le corps, gracieus et faitis »

MACH., J. R. Beh., (c.1340, 71)

L’épineuse question du soutien-gorge et de la culotte

L’iconographie et l’archéologie donnent peu d’exemples de l’existence de ces deux pièces.

Le soutien-gorge n’est jamais représenté dans l’iconographie mais des fouilles archéologiques récentes (Lengberg, Autriche) ont démontré l’existence de différents types de soutien-gorge en lin. Celui-ci peut être un simple bandage (bande de tissu serrée, cousue ou nouée autour de la poitrine), une brassière (chemise courte à bretelle s’arrêtant au-dessous de la poitrine et possédant des bonnets), un bustier (plus long), voire une « chemise à sac » (chemise longue possédant deux bonnets « sacs » cousus de manière indépendante sur la chemise et pouvant être fourrés pour créer un effet « push-up ») ou encore un soutien-gorge à bonnet et à lanière fermée dans le dos par un nœud ou des crochets.

La mode de l’époque apprécie alors les petits seins ronds et hauts. L’objectif de ces différents soutiens-gorge serait donc de réduire la poitrine en la comprimant, de la remonter ou de la redessiner pour se rapprocher de cet idéal.

Toutefois, au vu de la rareté des représentations, on peut en conclure que le port du soutien-gorge est sans-doute une exception.

Quelques exemples de culottes (c’est-à-dire un morceau de tissu trapézoïdal lié sur les côtés par des liens fins) ont été retrouvés ; sans pouvoir préciser de manière certaine s’il s’agit de slips masculins ou féminins. Quelques rares iconographies montrent des femmes portant une culotte. Cependant celles-ci sont toujours liées à des représentations stéréotypées de femme urinant (position à la fois naturelle et peu valorisante) ou frappant leur mari. La question est alors de savoir si ce type de représentation donne l’occasion de percevoir ce sous-vêtement ou s’il est lié à une image symboliquement négative de la femme. D’autres iconographies montrent, au contraire, une absence de culotte en représentant des femmes aux fesses ou à la vulve découvertes sous la chemise. Dans ce domaine, les deux possibilités sont donc envisageables.